Un petit article très factuel pour comprendre le problème du franchissement des frontières extérieures de l’Union Européenne et le rôle de l’agence Frontex

Le logo dans les 24 langues de travail de l’Union Européenne du site de Frontex
L’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (en anglais : European Border and Coast Guard ou EBCG) est l’agence de l’Union européenne chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures de « l’espace Schengen ».
Son siège est à Varsovie. Elle date de 2004 (elle s’appelait alors juste Frontex (contraction de Frontières extérieures). Son rôle s’est transformé et précisé en 2016. Elle dispose d’un site dans les 24 langues de travail de l’U.E. : Frontex
Où se trouve Schengen ?
Schengen est une localité du Luxembourg située sur la Moselle (à la frontière avec l’Allemagne et la France), où a été signée en 1985 une convention sur la circulation des personnes entre 5 pays (France, Allemagne et les 3 pays du Benelux). Ce lieu est symbolique pour signer un accord sur le contrôle d’identité aux frontières puisque c’est un lieu où l’on est à la frontière de 3 pays (on parle d’un « tripoint » au Sud-Est du Luxembourg). Un autre lieu symbolique du même genre est Maastricht (où a été signé le traité du même nom en 1992) qui se trouve aux Pays Bas coincé entre l’Allemagne et la Belgique)

monument à Schengen (Luxembourg) commémorant la signature de la Convention de Schengen en 1985
Quelles sont les limites actuelles de l’espace Schengen ?
Cette convention a ensuite été élargie à d’autres pays si bien qu’aujourd’hui l’espace Schengen rassemble 26 pays d’Europe entre lesquels on peut circuler sans passeport (si l’on en est un ressortissant) et avec un visa unique (si l’on veut y pénétrer) et qui ont une politique commune de contrôle de l’immigration.
Sur la carte suivante, les pays en bleu foncé sont à la fois membres de l’UE et de l’espace Schengen, ceux en pointillés non-membres de l’UE mais appartiennent à l’espace Schengen (Islande, Suisse et Norvège) et en bleu clair membres de l’UE sans être dans l’espace Schengen (Royaume Uni qui va bientôt sortir de l’UE, Irlande, Chypre et les 3 derniers entrés : Croatie, Roumanie et Bulgarie).
Par conséquent il n’existe plus de contrôle d’identité quand on circule en voiture à travers l’espace Schengen… (sauf en cas de menace terroriste renforcée). Pour autant comment se présente une frontière dans l’Union Européenne.
Comment se présente un poste-frontière entre deux pays de l’Espace Schengen ?
Le passage d’une frontière s’y matérialise juste par un changement de signalisation routière (un panneau concernant les limitations de vitesse) et la présence d’un poste-frontière sans personnel (sur les grands axes). C’est ce qu’on peut découvrir en allant espionner avec Google street view !

Entrée au Luxembourg sur l’autoroute A31 : juste un panneau et un rappel des limitations de vitesse au Luxembourg

Le poste-frontière Luxembourg-France sur l’autoroute A31 : pas de contrôle pour les nombreux frontaliers qui travaillent au Luxembourg

Passage de frontière entre Belgique et France sur une petite route départementale dans la forêt des Ardennes : un simple panneau et un peu plus loin le rappel des limitations de vitesses
Comment se présentent les postes-frontières à l’entrée dans l’espace Schengen ?
On remarque de très nombreux postes-frontières tout neufs qui ont été en partie financés avec l’argent de l’U.E. On y a à la fois un contrôle d’identité et un contrôle des marchandises.

Deux files au poste-frontière de Rupa à l’entrée en Slovénie depuis la Croatie : une file pour les citoyens de l’espace Schengen et une autre pour tous les autres

Poste-frontière de Rupa (Croatie -membre de l’UE mais pas dans l’espace Schengen) à l’entrée en Slovénie (membre de l’UE et de l’espace Schengen) : on dirait un banal péage autoroutier s’il n’y avait ce panneau « douane » et cette banque à gauche (qui permet de changer des Euros en Kunas croates)
Il est intéressant de voir à quel point les camions sont nombreux sur les grands axes autoroutiers de l’Europe ainsi que le montre cette photographie prise à Nadlac à l’Ouest de la Roumanie à l’entrée en Hongrie : un immense parking de stockage des camions.

poste-frontière de Nadlac en Roumanie à l’entrée en Hongrie, un endroit où les nombreux camions ont des formalités à remplir

poste-frontière de Nadlac entre la Roumanie (hors espace Schengen) et la Hongrie (qui est dans l’espace Schengen)
Les aéroports internationaux points d’entrée dans l’espace Schengen
Mais l’entrée dans l’espace Schengen se fait également massivement dans les aéroports internationaux où l’on franchit donc une frontière. Les contrôles d’identité y sont particulièrement pointilleux pour les visiteurs hors Schengen… mais aussi à cause de la menace terroriste qui a poussé à exiger des passeports biométriques beaucoup plus difficilement falsifiables.
Un certain nombre de cabines automatiques de contrôle d’identité ont été mises en place dans les grands aéroports (par exemple à Roissy) ne nécessitant pas la présence d’un policier : le passager se laisse enfermer dans une cabine vitrée avec son passeport biométrique et la porte ne s’ouvre que s’il est en règle !

Les nouveaux contrôles automatisés de frontière à Roissy
Ces aéroports internationaux recèlent des zones de transit où sont confinés certains passagers hors Schengen qui attendent une correspondance et qui ne doivent pas être mélangés avec les passagers qui repartent sur des destinations Schengen.
C’est ce qu’explique Jean-Baptiste Frétigny dans un article assez difficile des Annales de Géographie intitulé : la frontière à l’épreuve des mobilités aériennes, l’exemple de l’aéroport de Roissy. J’en ai néanmoins extrait cette carte qui met en évidence la présence de zones séparées et d’un centre d’hébergement (ZAPI 3) pour les personnes dont les papiers ne sont pas en règle et en leur permettent pas d’entrée dans l’Espace Schengen.

Emplacement des espaces frontaliers à Roissy
Le contrôle d’identité aux frontières maritimes existe également : tout navire qui arrive dans un port doit se signaler aux autorités et ses passagers n’ont le droit de débarquer qu’après avoir été soumis à un contrôle d’identité.
C’est le cas des équipages des navires de commerce, des plaisanciers et des croisiéristes qui sont de plus en plus nombreux en Europe (voir l’article sur Carnival et RCCL les géants de la croisière)

L’arrivée d’un gros navire de croisière ( au port de La Rochelle : un petit bâtiment pour les contrôles d’identité nécessaires (beaucoup de passagers sont Américains ou Britanniques) avant de dispatcher les croisiéristes dans des cars pour des excursions (Bordeaux, Cognac, La Rochelle…) (tiré sur site du Port Atlantique La Rochelle)
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