Cet article a pour objectif d’abord de faire un point sur la mer Caspienne, sa localisation, sa taille, ses ressources, les États riverains, puis de réfléchir aux difficultés géopolitiques qui peuvent s’y poser.
La mer Caspienne est la plus grande mer intérieure du globe d’une superficie d’environ 370 000 km² (c’est un peu plus que la superficie de l’Allemagne) . Elle s’étend sur une longueur d’environ 1000 km sur environ 400 km de large.
Cinq États en sont riverains : au Nord la Russie, à l’Ouest l’Azerbaïdjan, au Sud l’Iran, à l’Est le Turkménistan et au Nord-Est le Kazakhstan.


L’environnement de la mer Caspienne
La mer Caspienne se situe à 40 ° de LN dans un environnement en partie désertique. La Volga s’y jette au Nord par un delta. A l’Ouest on trouve la chaîne de montagne du Caucase et au Sud celle de l’Elbourz (en Iran). L’altitude est à – 28 m (comme la mer Morte dont le niveau est également en dessous de 0).

Un petit comparatif avec la mer Morte
Voici un petit comparatif entre la mer Caspienne et la mer Morte (dans laquelle se jette le Jourdain) qui nous montre qu’on n’est pas du tout à la même échelle, ce dont ce qu’on peut avoir du mal à comprendre quand on regarde des cartes à différentes échelles :

La mer Caspienne est beaucoup moins salée (12 g de chlorure par litre) que les mers ouvertes : 38 g/l pour la Méditerranée ou 35 g/l pour l’Atlantique. Son niveau oscille saisonnièrement et annuellement en fonction du climat : il avait baissé de 3 m entre les années 1930 et les années 1970 pour remonter mais il est en train de rebaisser.
Il n’y a quasiment pas de marée, par contre des vagues très violentes peuvent s’y former
Cette mer a une influence maritime adoucissante sur les régions qui en sont proches, c’est notamment le cas au Daghestan (en Russie), en Azerbaïdjan et dans le Nord de l’Iran.
On y trouve de nombreuses espèces endémiques qui s’expliquent par le fait qu’il s’agit géologiquement d’une mer issue d’un très ancien océan que la tectonique des plaques a fait se refermer. Parmi les espèces de poisson emblématiques figure l’esturgeon qui a beaucoup souffert de la pollution.
Cette mer recèle d’importance ressources pétrolières.
Enfin les littoraux agréables expliquent l’existence d’un tourisme balnéaire notamment à Bakou. Pour l’Iran ce littoral de la Caspienne, beaucoup plus proche de la capitale de Téhéran, que celui du Golfe est aussi beaucoup plus fréquenté.
Les pays riverains de la mer Caspienne : un petit repérage
Le tableau suivant permet de se fixer quelques idées sur le poids économique, géopolitique des 5 États riverains. Rappelons qu’avant 1991 et l’éclatement de l’URSS il n’y en avait que 2 : l’URSS et l’Iran.
On comprendra donc pourquoi la Russie cherche une solution qui l’avantage alors qu’elle n’a plus aujourd’hui que moins de 700 km de littoral sur la mer Caspienne alors que l’URSS en avait près de 5 200.

La question du statut juridique de la mer Caspienne : mer où l’on peut découper des ZEE ou lac dont on doit gérer les ressources en commun ?
Les États riverains n’étaient pas pas d’accord sur ce point. La Russie part de l’idée que la mer Caspienne est un lac et non pas une mer.
Le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan (nouveaux Etats depuis 1991) considèrent que le droit de la mer tel qu’il a été codifié en 1982 à la Convention de Montego Bay, y est applicable et qu’on peut donc y délimiter des ZEE (Zones Économiques Exclusives) (voir l’article Les zones économiques exclusives : de nouvelles frontières pour les États côtiers ?)
Quant à l’Iran sa position est la suivante : la mer Caspienne est une étendue d’eau qui, par son caractère unique, présente une importance capitale pour les États riverains et il faut lui trouver un statut spécial. Ces États doivent conjointement responsables de son utilisation, de la mise en valeur de ses ressources naturelles et de la préservation de l’environnement…
Du coup une Convention a été signée en 2018 à Aqtaw (au Kazakhstan) une ville sur les rives de la Mer Caspienne par les 5 Présidents sur le partage des ressources naturelles et la régulation du trafic maritime et militaire.
Elle fait de la mer Caspienne un espace qui n’est ni une mer (puisque le droit de Montego ne s’y applique pas totalement), ni un lac car pour l’exploitation du sous-sol des pays riverains ne gèreront pas la mer en commun mais se découperont des zones d’exploitation.
Ce n’était pas la première fois qu’on trouvait un accord puisque cela a d’abord été le cas sur l’environnement dans une Convention de Téhéran (2006) dont le secrétariat est hébergé par le programme des Programme des Nations Unies sur l’Environnement (et siège à Genève)

Pour un article beaucoup plus pointu voir ici l’article de géopolitique de Clément Therme chercheur post doctorant sur le site d’Areion 24 news.
Pingback: La Volga : 3 700 km, plus long fleuve d’Europe | amnistiegenerale
Pingback: Les mers et grands fleuves de l’Ancien monde : un peu de repérage | amnistiegenerale
Pingback: Une application concrète du droit de la mer : comment comprendre les différents sur la pêche entre la France et le Royaume Uni ? | amnistiegenerale
Pingback: Qui est vraiment Vladimir Poutine ? | amnistiegenerale