Un petit article de présentation très factuel sur l’Arabie Saoudite, qui permet de localiser ce pays dans son environnement régional et de faire ressortir quelques éléments importants sur son histoire et sa géographie permettant de comprendre la géopolitique actuelle.

cartographie CLG 2020
L’Arabie saoudite occupe plus des 2/3 de la péninsule arabique et constitue l’État le plus peuplé (34 millions d’habitants), le plus puissant (plus de la moitié du PNB de la région) et le plus prestigieux en raison de son contrôle sur les 2 villes saintes de l’islam (La Mecque et Médine) et de l’importance qu’a pris aujourd’hui le pèlerinage à la Mecque, à une époque où l’essor du transport aérien et l’émergence de classes moyennes dans les pays musulmans facilite ce pèlerinage et le massifie.
La richesse de l’Arabie saoudite est surtout liée à l’exploitation du pétrole dont elle est aujourd’hui le 2e producteur (derrière les États-Unis et devant la Russie) après être restée au 1er rang pendant des décennies.

En vert l’Arabie Saoudite (un des 3 plus gros producteurs) et en vert clair les autres pays pétroliers de la région
Un environnement principalement désertique

La péninsule arabique : une péninsule presque entièrement désertique entre la mer Rouge et le Golfe persique (dans lequel se jettent le Tigre et l’Euphrate par une embouchure commune : le Chatt el Arab)
Voici une image satellite qui montre l’environnement désertique de la péninsule arabique : depuis l’espace on ne voit quasiment aucune végétation : le orange correspond aux zones d’ergs (champs de dunes), le gris à des regs et environnements rocheux. On voit de la végétation et des dunes sur le rebord montagneux près de la mer Rouge dans ce qui est la chaîne du Hedjaz et les Mont Sarawat comme le montre la petite coupe schématique suivante.

coupe schématique montrant l’opposition entre la façade humide sur la mer rouge où se trouve le port de Djeddah et la partie désertique de la montagne (Hedjaz) puis du haut plateau intérieur (Nejd)
C’est ce qui explique que les 36 millions d’habitants sont très concentrés
Riyad : la capitale moderne d’un État immensément riche
Riyad se situe au cœur du Nejd. C’est aujourd’hui une agglomération moderne de plus de 7,5 millions d’habitants. C’est une ville très moderne, du même genre que Dubaï (mais sans l’attrait du littoral) mais beaucoup plus peuplée et très étendue au milieu du désert avec un aéroport international très moderne qui date de 1983 (26 millions de passagers par an -c’est le 2e du pays en terme de fréquentation-) où l’on trouve même une mosquée.

Vue aérienne de Riyad montrant l’étalement urbain, les grands axes et au fond les buildings emblématiques notamment le Kingdom Centre (avec son trou). La photo est prise en direction du nord

La même avenue en se rapprochant du coeur avec au fond cet immeuble à la forme originale avec un trou : le Kingdom Centre 302 m achevé en 2002 (le 2e building d’Arabie Saoudite avant la clock tower de La Mecque) qui abrite un centre commercial (mall), un hôtel de luxe et le sky bridge (pont à 300 m de haut qui permet d’avoir une vue à couper le souffle sur la ville)
Djeddah, port sur la mer Rouge, porte d’entrée des pèlerins du hadjj
La deuxième ville est le port de Djeddah sur la mer rouge environ 4 millions d’habitants. C’est aussi le point d’accès à La Mecque (qui se trouve à environ 70 km de là est reliée par une belle autoroute) avec un aéroport international (appelé Roi Abdelaziz -c’est-à-dire Ibn Seoud le 1er roi d’Arabie Saoudite-) inauguré en 198. Il a accueilli environ 30 millions de passagers en 2019.
Une immense tour de 1001 m (avec l’antenne, seulement 668 m pour le bâtiment) y est en construction et devrait être terminée prochainement mais sans doute pas en 2020 comme prévu initialement.

La tour de Djeddah en construction (août 2019). D’une hauteur de 668 m (1001 m avec l’antenne) elle sera plus haute que la tour Burj Khalifa de Dubai. Mais le chantier a pris du retard
En attendant la ville présente un jet d’eau (copié sur celui de Genève) : le jet d’eau du roi Fahd qui projette son jet à 312 m de hauteur dans la baie.

jet d’eau du roi Fahd (312 m)
La ville sainte de la Mecque
C’est une ville interdite aux non musulmans et qui vit entièrement du pèlerinage, lequel a commencé à prendre un essor particulier dans la deuxième moitié du XIX e siècle c’est-à-dire à une époque où l’on peut venir en paquebot depuis des parties éloignées du monde musulman (le Maghreb ou les Indes néerlandaises – voir l’article sur Onrust cette île au large de Jakarta l’actuelle capitale de l’Indonésie qui servait de quarantaine pour les pèlerins de retour de la Mecque).
Aujourd’hui grâce à Internet, Google maps et les pèlerins qui ne peuvent pas s’empêcher de mettre leurs photos en ligne comme tout bon terrien qui a un téléphone portable surtout en cette occasion unique dans leur vie, nous pouvons rentrer à la Mecque depuis notre salon et imaginer un peu l’ambiance d’un tel rassemblement.

La nouvelle clock tower en cours de finition (2010), l’environnement désertique du Hedjaz et le sanctuaire avec la kaaba à proximité duquel un autre chantier majeur est en cours
C’est une ville qui compte environ 1,5 millions d’habitants permanents et accueille environ 2,5 millions de pélerins en plus au moment le plus fort du pèlerinage avec toute la logistique que cela implique en terme de logement, de transport, d’approvisionnement et de gestion de l’eau (à cause de l’importance des ablutions rituelles) dans un contexte où la température estivale dépasse les 40° C en pleine journée, ne descend pas beaucoup en dessous de 25° la nuit – sachant que la date du pèlerinage le plus important varie d’une année à l’autre puisque les musulmans suivent un calendrier lunaire.
Il y a donc également beaucoup d’hôpitaux et de services de secours.

La nouvelle clock tower de La Mecque un building appelé Abraj Al Baït qui domine depuis 2012 la kaaba du haut ses 601 m (un ensemble d’hôtels et de centres commerciaux de luxe)

Kaaba à la Mecque en mars 2020 : c’est à la fois le lieu le plus sacré (« haram ») et en même temps l’un des lieux du pèlerinage qui nécessite de marcher à pied de préférence jusqu’à des collines assez éloignées

Un des cheminements entre les différents lieux du pèlerinage

Il y a 18 km à vol d’oiseau entre le mont Arafat et la kaaba : chaque étape a une signification particulière

Les tentes climatisées (fabrication australienne) dans la plaine désertique de Mina à 5 km du centre (depuis 2010 il y a une ligne de métro). Il y avait eu entre 1000 et 2000 morts à cet endroit en 2015 lors d’un mouvement de foule
Dernière remarque sur ce pèlerinage c’est le décalage entre des pèlerins immensément riches (qui peuvent loger dans cet incroyable ensemble de tours au-dessus de la kaaba) et ces pèlerins du Tiers monde qui par exemple en Afrique subsaharienne ont participé à une tontine permettant de financer ce coûteux voyage et doivent néanmoins se contenter de conditions d’hébergement assez précaires.
L’Arabie Saoudite : un État monarchique né en 1932, allié des États-Unis, membre fondateur de l’OPEP en 1960 et membre du G20
L’Arabie saoudite a une posture internationale très particulière en raison de son histoire récente, de sa place dans l’économie du pétrole et dans l’islam. C’est un État récent, qui n’existe que depuis 1932 avec comme fondateur le roi Ibn Seoud dont la famille est liée depuis le milieu du XVIIIe siècle à un courant rigoriste de l’islam sunnite : le wahhabisme. (Un autre article sera consacré plus particulièrement à ce courant musulman présent en Arabie saoudite, ses liens avec le pouvoir saoudien). Fortifié par son alliance avec les Etats-Unis (qui avaient besoin de son pétrole), l’argent du pétrole et le contrôle de La Mecque ce pouvoir monarchique n’a globalement jamais été ébranlé depuis sa création, contrairement à ce qui s’est passé à peu près partout dans le monde arabo-musulman depuis l’après Seconde Guerre mondiale et depuis les Indépendances.

Barack Obama et le roi Abdallah en 2014 en Arabie Saoudite

Le Président Macron et le Prince héritier Mohamed Ben Salmane en 2018 à l’Élysée
Les seules monarchies qui ont résisté sont celles du Maroc (depuis l’Indépendance de 1956), celle de Jordanie (avec à sa tête la dynastie des Hachémites) et de petits émirats pétroliers (Koweït, Bahreïn, Qatar, EAU et Oman). Partout ailleurs le pouvoir, généralement devenu républicain après des coups d’État a été ébranlé par l’islamisme et/ou la révolution et/ou la guerre civile (Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Liban, Syrie, Irak, Yémen). C’est le cas également des 2 autres géants démographiques non arabes : l’Iran dont le souverain pro américain a été renversé en 1979 par la Révolution islamique de l’ayatollah Khomeini et la Turquie dont la république laïque est actuellement en difficulté.
Sur le plan géopolitique l’Arabie Saoudite est donc un État incontournable (tout comme dans cette région du monde l’Égypte, la Turquie et l’Iran (voir l’article sur turc, arabe et iranien.
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