Qui a la plus grande ? Petite réflexion impertinente sur les grandes tours du monde mondialisé et le « hard power »

Quand, le 11 septembre 2001, nous avons assisté à la destruction des  tours jumelles de World Trade Center de New York, prises comme cibles par les terroristes d’Al Qaïda pour atteindre la puissance économique des États-Unis, ce sont 2 tours qui avaient respectivement 415 m et 417 m de haut et dont l’antenne s’élevait à 526 m qui ont disparu.

Elles étaient, depuis 1973, date de leur inauguration, les plus hauts gratte-ciels de New York, cette ville où les gratte-ciels sont nés au début du XX e siècle et qui a ensuite été copiée dans le monde entier.

A gauche Lakhta Center (Saint-Pétersbourg Russie 2018), à droite One World Trade (New York 2014)Elles avaient détrôné le gratte-ciel emblématique des années 1930 : l’Empire State Building, 381 m, inauguré en 1931 et mondialement connu à cause de du film Tarzan tourné en 1933 et de la scène spectaculaire montrant le gorille King Kong escaladant cette tour où il retient l’héroïne prisonnière.

Mais aujourd’hui le plus haut gratte-ciel de New-York est aussi haut : c’est le One World Trade Center inauguré en 2014 avec un toit à 417 m et une antenne à 546 m, une manière de dire au monde que les États-Unis ont surmonté le traumatisme.

A côté on trouve 3 autre gratte-ciels un peu moins hauts et bientôt 4.

Le nouveau complexe World Trade Center, auquel la tour appartient, comprend en effet déjà  trois autres immeubles de grande hauteur, le Seven World Trade Center (2006 – 228 m), le Three World Trade Center (2018 -328 m) et le Four World Trade Center (2013- 297 m) et une  quatrième tour, le Two World Trade Center ( terminé en 2023 ? 382 m) est en construction.

Mais ces 2 tours étaient-elles les plus hautes aux États-Unis ?

Non, car à Chicago, une tour encore plus haute avait été inaugurée en 1973 également  : la Sears Tower aujourd’hui rebaptisée Willis Tower, une tour de 442 m de haut.

La skyline de Chicago au bord du lac Michigan

Voir l’article La Rust belt existe-t-elle toujours qui évoque notamment la renaissance de la métropole de Chicago.

Qui a osé dépasser les États-Unis depuis lors ?

En fait on s’aperçoit que cette course à la hauteur n’a pas eu lieu partout mais seulement aux Émirats Arabes Unis et plus précisément à Dubaï ainsi qu’en Arabie Saoudite (uniquement pour réaliser un immeuble qui domine la Kaaba (voir l’article sur l’Arabie) et  en Asie orientale : Taïwan, Malaisie et surtout Chine ainsi qu’en Russie avec l’achèvement de Lakhta Center de Saint-Pétersbourg (voir l’article sur la Russie).

Pourquoi construire des gratte-ciels si élevés ?

Il existe plusieurs raisons à cela… La première me semble être de montrer son prestige et s’imposer au niveau mondial. Et sur ce plan on comprend donc pourquoi les puissances émergentes à commencer par la Chine sont les plus impliquées dans cette course à la hauteur.

La deuxième raison est, qu’en raison d’un coût considérable, c’est montrer qu’on a vraiment les moyens de tenir son rang parmi les grands de ce monde.

L’Afrique n’a pas les moyens (les plus hautes tours de Johannesburg dépassent juste 200 m), l’Amérique latine non plus (la plus grande tour de Santiago du Chili Gran Torre Santiago 2014) mesure seulement 300 m.

Quelle sera bientôt la plus haute ? La Sky city tower de Changsha en Chine ?

A priori cela aurait  bientôt  dû être la tour Sky city tower à Changsha, une « petite » ville d’un peu plus de 7 millions d’habitants dont on ignore jusqu’à l’existence en Europe. Une capitale provinciale, celle du Hunan (dans l’intérieur de la Chine), juste à côté de la province du Hebei dont on a souvent découvert l’existence avec l’épidémie de Covid 19 dont l’épicentre initial était à Wuhan, la capitale du Hebei, une ville qui s’apparente à Changsha.

La Sky city tower devrait s’élever à 727 m, le projet semble être en cours d’abandon définitif : on a juste un plan d’architecte et des retards multiples.

On pourra trouver d’autres informations sur certaines de ces tours de très grande hauteur dans l’article sur Taïwan, une autre Chine mais aussi sur Londres et son triple CBD.