Encore le Covid 19 ! Faut-il refermer les lycées en France ?

Au début des vacances de la Toussaint, j’avais eu envie de faire un petit point sur l’état de l’épidémie dans le monde (article : où en est l’épidémie de Covid 19 au 20 octobre 2020) ce qui me permettait de faire une comparaison à ce que j’avais expliqué au printemps dans plusieurs articles notamment Covid 19 première pandémie à l’ère de la mondialisation ? J’avais bien observé les courbes très inquiétantes de certaines grandes villes françaises qui venaient de se voir infliger un couvre-feu. Pour autant je ne m’attendais pas à ce que l’épidémie flambe à nouveau si fort en Europe… ou plus exactement je n’avais pas envie de le croire !

graphique CLG 2 novembre 2020, source des données ici

Or si on reprend les choses aujourd’hui 2 novembre avec toujours les mêmes chiffres enregistrés par l’Université John Hopkins et repris dans l’article du Monde ici, voilà ce que cela donne pour le monde.

Le 20 octobre 2020 on était à 40 millions de cas et 1,1 million de morts, on est désormais à 46,5 millions de cas dans le monde et 1,2 millions de morts (soit 100 000 de morts en plus en une dizaine de jours).

Rappelons qu’à la première date (23 avril 2020 ) on est au pic de l’épidémie en Europe occidentale. On se rend compte que l’épidémie s’enflamme à nouveau en Europe qui est en train de reconfiner partout

Le cas français au début du reconfinement du 30 octobre 2020

Concernant le cas français voici les 2 courbes à dix jours d’écart : celle-ci du 20 octobre 2020 (qui figurait dans l’article précédent) à un moment où le couvre-feu a été mis en place sur l’Île-de-France et 8 métropoles.

Et voici le schéma le 2 novembre 2020. Le nombre de morts depuis les débuts de l’épidémie est passé de 33 885 à 37 019.

Le dépistage très important ces derniers jours explique qu’on soit passé entre ces 2 dates de plus de 900 000 cas identifiés à 1,4 million avec une progression inquiétante.

Cependant cette fois-ci la France a décidé, pour des raisons politiques et économiques de ne pas reconfiner les écoliers, collégiens et lycéens et leurs professeurs (soit 13 millions de personnes qui ont la possibilité de vivre presque normalement).

Les petits semblent assez peu transmettre le virus (et désormais les élèves de primaire doivent porter un masque) et aller à l’école leur fait du bien (et soulage leurs parents) ; les collégiens occupent des établissements plus petits et bougent moins au cours de la journée, n’ayant pas le droit de sortir de leur établissement.

Mais certains lycées français version 2020 (avec leurs effectifs importants -une collectivité humaine de près de 2000 personnes pour le mien-, leur cantine -800 repas-, leur internat -à recrutement académique-, leurs nombreuses spécialités -obtenues en dérogation de secteur- et avec des élèves qui bougent en permanence d’une heure à l’autre et sortent fumer sans masque devant le lycée) représentent, me semble-t-il, des collectivités ingérables en période épidémique.

Il me semble raisonnable pour des raisons sanitaires de les refermer rapidement, ce au moins jusqu’à la rentrée de janvier… et d’adapter la réforme du Bac en retardant le calendrier des épreuves et le système Parcoursup d’affectation dans le supérieur. Et dans un pays jacobin comme la France il semble impossible de choisir de ne fermer que les gros lycées et de garder ouverts les établissements plus modestes à recrutement local.

Mais pour des raisons politiques peut-être est-il plus raisonnable de les laisser ouverts : en cette période anxiogène à cause des récents attentats terroristes, venir au lycée permet à un adolescent de penser à autre chose.

Mais quelle est la place de la France dans le monde face à cette épidémie ?

Avec 37 000 morts nous sommes au 7e rang mondial des pays les plus touchés. 4 grands pays d’Europe ont été autant touchés (Royaume-Uni, Espagne, France et Italie (autour de 40 000 morts ) tandis que l’Allemagne, pourtant plus peuplée s’en est beaucoup mieux sortie (avec environ 10 000 morts).

graphique CLG 2/11/20 source des données ici

Attention toutefois à prendre ces données avec précaution : rappelons que les grands pays industrialisés bien organisés comme le nôtre ont déclaré avec beaucoup de sérieux tous les cas à l’OMS et que certains pays ne l’ont pas fait sérieusement parce qu’ils ne sont pas en état de le faire (par exemple le Vénézuéla qui est dans une situation politico-sociale dramatique et n’a déclaré que 807 cas !!! (voir l’article sur le Vénézuéla).

Bref la situation me semble très préoccupante : l’épidémie flambe en Europe comme au printemps à la différence que nos partenaires d’Europe orientale qui avaient été peu touchés (Pologne, Hongrie, République Tchèque subissent cette fois une flambée encore plus forte que chez nous). Nous avons certes désormais des masques, savons mieux diagnostiquer les cas et soigner les malades les plus graves.

Mais nous sommes vraisemblablement seulement au milieu du gué et nous n’en verrons sans doute pas le bout avant l’été prochain.