Cette époque (fin du XIX e siècle) est pionnière dans le domaine des découvertes scientifiques majeures, de leurs applications immédiates dans divers domaines (médecine, industrie…)
Qu’est-ce qui change à partir de cette époque ?
On entre vers 1890 dans ce qu’on appelle la Seconde Révolution industrielle, marquée par l’utilisation de nouvelles énergies (pétrole, électricité), l’essor de nouvelles industries (chimie, automobile puis aviation).
Publicité pour l’aspirine fabriquée en Angleterre en 1917 présentée comme « meilleure que le produit boche » (c’est-à-dire l’aspirine fabriquée et brevetée par la firme allemande Bayer) : illustration trouvée dans ce petit article (22 pages) sur l’historique de la mise au point de l’aspirine (premier médicament de synthèse breveté en 1899):
L’aspirine en France un affrontement franco-allemand
Un nouveau contexte intellectuel ?
Avec Auguste Comte (1798-1857), polytechnicien, philosophe on entre dans l’ère du positivisme : il mène une grande réflexion sur la nature de la science et ses méthodes. Toutes les sciences exactes comme humaines vont être influencées par cette méthode scientifique.
À partir de Pasteur (1822-1895) et de Koch (1843-1910) on entre dans une nouvelle ère en matière de médecine : découvertes des « microbes », des vaccins…
À partir de la « bande à Curie » on entre dans une nouvelle ère en matière de physique et de conception de la matière avec la découverte de la radioactivité et de ses utilisations (voir l’article sur les recherches sur la radioactivité)
Où observe-t-on ces changements ?
Ce phénomène de découvertes scientifiques majeures et très rapide et d’applications technologiques ne concerne que l’Europe Occidentale (notamment l’Allemagne, la France, Le Royaume Uni, la Belgique, la Suisse, le Nord de l’Italie…), le Nord-est des Etats-Unis.
Ces progrès scientifiques ne concernent pas le reste du monde à cette époque. Effectivement une partie importante de la planète est sous domination coloniale (c’est le cas de la quasi totalité du continent africain, d’une partie de l’Asie). Même les pays neufs à population immigrée d’Europe (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) ne sont pas dans ce domaine au niveau de l’Europe et du Nord-Est des États-Unis. C’est également le cas de l’Amérique latine (désormais indépendante) mais qui malgré l’existence d’Universités n’est pas un foyer d’innovation dans le domaine scientifique (voir l’article les grandes universités historiques d’Amérique latine). Même le Japon qui à partir de l’ère Meiji s’ouvre à l’Occidentalisation en est encore au stade où ses jeunes vont se former en Europe et aux Etats-Unis pour maîtriser les nouvelles technologies industrielles et les implanter dans leur pays.
Dans quel type de société se développent ces progrès scientifiques?
Ces progrès scientifiques et technologiques sont présents uniquement dans des sociétés où l’alphabétisation est largement avancée et qui ont un système économique libéral (encourageant l’initiative privée des entrepreneurs). Dans un tel système capitaliste qui vise le profit, ces entrepreneurs cherchent à tirer profit des nouvelles découvertes et multiplient les dépôts de brevets pour protéger les innovations parfois découvertes par des chercheurs dans les laboratoires des Universités parfois par des ingénieurs.
On passe progressivement à cette époque de sociétés familiales à des sociétés de capitaux (SA : sociétés anonymes qui peuvent émettre des actions) et sont susceptibles de beaucoup plus gros investissements. Il existe donc à cette époque un lien entre la transformation du capitalisme industriel et l’essor de l’innovation qui va aboutir à des avancées technologiques considérables (par exemple l’invention du téléphone par Graham Bell aux Etats-Unis en 1872, de phonographe (1877) et de l’ampoule à incandescence (1879) par Edison, de la radio par l’Italien Marconi en 1899) à l’origine de grandes fortunes et
Quel est le contexte de formation intellectuelle à cette époque qui favorise cette inventivité ?
La formation supérieure reste assurée par les Universités et est quasiment exclusivement masculine, les scientifiques appartiennent généralement à des milieux de la bourgeoisie (rarement issu des milieux populaires au XIX e siècle)
Mais on note progressivement la création de grandes écoles scientifiques et techniques dans la deuxième moitié du XIX e siècle qui sont parfois plus ouvertes sur les progrès
Ex. École Supérieure de physique-chimie de la ville de Paris fondée en 1882 dans le Ve arrondissement
- C’est là que Pierre Curie est d’abord professeur avant d’être nommé à la Sorbonne
- C’est là que Marie Curie avait son laboratoire (où a été purifié le radium à partir du minerai de pechblende)
- Aujourd’hui cette école d’ingénieurs est rattachée à l’Université PSL (voir l’article sur l’Université Paris Sciences Lettres)
Autres exemples à l’étranger :
L’école polytechnique de Zurich
- L’École polytechnique fédérale de Zurich (fondée en 1854 (d’où sortent 20 prix Nobel), c’est une école d’État (c’est là où Albert Einstein (1879-1955) a étudié à partir de 1896 ainsi que sa future femme)
- École spéciale de Lausanne fondée en 1853 qui s’appelle désormais l’École polytechnique fédérale de Lausanne
Aux Etats-Unis ce sont des initiatives privées notamment le MIT (Massachusetts Institute of Technology) situé à Cambridge près de Boston, à côté de l’université historique de Harvard en 1861.
Quel est le contexte matériel ?
La nécessité de locaux spécifiques pour la recherche scientifique se fait progressivement sentir : besoin de place, de sécurité (incendie, explosion, radiation… mais aussi protection des recherches.
Les scientifiques ont besoin de laboratoires et pas seulement d’amphis ou de salles de cours, voilà pourquoi à la Sorbonne de nouveaux locaux sont créés en 1884 rue Cuvier et beaucoup plus tard de nouveaux locaux notamment la tour de Jussieu (90 m) construite en 1970 (et désamiantée à partir de 1996).
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