Le Danemark : une petite introduction

Le Danemark est un petit d’Europe du Nord (42 000 km² pour une population de moins de 6 millions d’habitants), entré précocement dans l’Union Européenne (à l’époque la CEE) en 1973, mais qui a tenu à conserver une spécificité (il a conservé sa monnaie, la couronne danoise, et n’a pas voulu rentrer dans l’Euro). C’est un pays prospère (comme ses voisins scandinaves mais aussi comme l’Allemagne et les pays du Bénelux), bien relié à ses voisins malgré la complexité de cet espace très plat marquée par un enchevêtrement d’îles et de péninsules aujourd’hui très bien reliées les unes les autres (autoroutes, ponts, liaisons car-ferries)

De son passé de grand royaume scandinave, le Danemark a conservé des liens particuliers avec ses voisins (Norvège et Suède) et possède 2 territoires éloignés , aujourd’hui autonomes (qui dans le cadre de l’Union Européenne ont le statut de PTOM -pays et territoires d’outre-mer comme la Nouvelle-Calédonie et non celui de RUP- région ultra périphériques comme nos départements d’outre-mer ou les Açores- en raison de leur éloignement, isolement et des questions spécifiques qui les concernent :: les îles Féroë et le Groenland.

On se référera d’abord à un article plus général : Une petite introduction à la Scandinavie (qui s’intéresse notamment aux traits qui fondent l’unité d’une telle région -des traits de géographie physique (la situation en latitude et les questions liées à l’héritage glaciaire et au climat) et humaine (l’expansion des Vikings, du Danemark, de la Suède dans cette région).

Notons un éléments intéressant un petit pays plat et qui n’est pas insulaire ne peut pas se défendre si de puissants voisins veulent l’attaquer : en Europe occidentale la question s’est posée au cours de l’histoire moderne et contemporaine pour la Belgique, pour les Pays-Bas (même si à une certaine époque -sous Louis XIV- ils ont pu ouvrir les digues pour noyer une partie de la Hollande) et pour le Danemark, mais également pour la Pologne (plus vaste mais qui ne peut pas tenir le coup quand elle se retrouve prise en tenaille des ambitions concurrentes allemande et russe).

A l’inverse un petit pays montagneux (au moins en partie) peut éventuellement mieux s’en sortir (comme la Suisse) et un territoire en situation de marge mais finit souvent sous la coupe de son voisin plus puissant et réussit (ou pas) à s’en détacher (Irlande, Écosse, Norvège, Finlande…).

Le Danemark d’aujourd’hui est l’héritier d’un grand royaume scandinave du Moyen Âge après que les Scandinaves se sont christianisés (fin Xe-XIe) puissant de la fin du XIVe siècle au début de XVIe qui englobe toutes les régions scandinaves (soit Norvège, Suède, Islande, Groenland, îles Feroé) y compris les petits archipels du Nord de l’Écosse (Orcades et Shetland qui deviennent écossais dès le XVe siècle)

Cette carte est importante car elle permet de visualiser l’extension des langues scandinaves depuis le vieux norrois des Vikings jusqu’à aujourd’hui où s’individualise le danois, le suédois (parlé en partie dans le Sud de la Finlande), le bokmal et le nynorsk en Norvège, l’islandais avec des variantes compliquées en terme de signes diacritiques et la volonté des uns (les Suédois notamment de se démarquer de la graphie des autres. C’est le cas pour le détroit qui sépare aujourd’hui le Danemark de la Suède et qui est relié depuis 2000 par un pont tunnel qui s’appelle en danois Øresund, en suédois : Öresund… et souvent le Sund tout court pour nous qui ne voulons fâcher personne (comme le Golfe -arabique, persique, arabo-persique et Golfe tout court…- Le pont s’appelle officiellement Øresundsbron (sachant qu’en le mot pont s’écrit en danois broen et en suédois bron et par conséquent ce mot est un compromis entre du danois (le première partie avec le o barré et du danois la deuxième partie.

Cet exemple nous montre à quel point deux voisins culturellement proches peuvent être susceptibles sur ce qui semble des détails vu de loin quand cela porte sur un sujet qui fâche (C’est le même cas concernant le nom de la Macédoine, province du Nord de la Grèce et qui était dans l’Antiquité le berceau d’Alexandre quand après 1991 la république yougoslave de Macédoine devient indépendante et veut s’appeler Macédoine tout court. Pendant près de 30 ans elle sera officiellement dénommée FYROM (Former Yougoslave République of Macedonia) ou ARYM (Ancienne République yougoslave de Macédoine avant d’être autorisée à prendre le nom de Macédoine du Nord depuis 2019). Cette susceptibilité porte sur des noms et des langues, des symboles comme les drapeaux ou les lieux de mémoires.

Pourquoi cette rivalité entre Danemark et Suède ?

Cette union est ensuite en partie en brèche par la montée en puissance du royaume de Suède de Gustave Vasa (1496-1560) qui à partir du moment où il devient régent en 1521 va réussir à obtenir la séparation et va également être à l’origine de la conversion de la région au luthéranisme (rappelons que les thèses de Luther sont publiées en 1517 et que la Réforme protestante se diffuse en trainée de poudre en Allemagne du Nord.

Un siècle plus tard (en 1658) le Danemark est attaqué par la Suède en profitant d’un hiver particulièrement rigoureux (c’est rarement le cas mais cela arrive si bien que la mer est gelée au niveau du Petit Belt -qui relie le Jutland à la Fionie- et du Grand Belt -qui relie la Fionie à la Seeland où se trouve la capitale du royaume Copenhague. Les Suédois l’emportent et les Danois leur cèdent la Scanie (le Sud-est de la Suède -là où se trouve Göteborg). Un peu plus tard les Suédois vont aussi contrôler la Norvège et puis perdre la Finlande (où demeure des minorités qui parlent le Suédois).

Charles X Gustav (1622-1660) après la bataille de 1658 dite »Marche des Belts » : le roi de Suède regarde ses troupes marcher sur la mer gelée par Johan Philip Lemke (c’est un peintre de batailles de la fin du XVIIe dont les toiles sont exposées en Suède)

Le Danemark d’aujourd’hui ne contrôle plus qu’un petit territoire bien organisé et indirectement deux territoires auxquels une autonomie a été accordée, en 1948 pour les îles Féroé et en 2008 pour le Groenland (désormais aux mains des Inuits qui ont un parlement et un gouvernement)

Le Danemark, Maersk et la mondialisation

La page d’accueil de site de Maersk en anglais (le site existe en 12 langues mais pas en danois ! Les 11 autres sont français, allemand, espagnol, italien, chinois, chinois (caractères non simplifiés), japonais, coréen, russe, turc, portugais (du Brésil) mais pas en arabe). L’entreprise a été fondée en 1904, elle est aujourd’hui la première entreprise mondiale de transport maritime et emploie plus de 100 000 personnes à travers le monde
(voir l’article Les porte-conteneurs et la mondialisation )
Le siège social de Maersk à Copenhague sur le port dans la vieille ville

Le Danemark et son image touristique : la petite sirène, Tivoli et Lego ?

Un touriste a d’emblée une autre image du Danemark à travers la figure de l’écrivain Hans Christian Andersen (1805-1875) et de ses contes notamment le plus célèbre d’entre-eux La petite sirène (adapté au cinéma par Walt Disney).

La petite sirène est une petite sculpture datant de 1913 et commandée par un industriel danois de la bière (l’entreprise Carlsberg) attention je risque gros en capturant cette image sur Google maps qu’un touriste japonais inconscient à mis en ligne en avril 2023 car l’image n’est pas libre de droits jusqu’en 2030 (70 ans après la mort du sculpteur…) Cette statue a été plusieurs fois vandalisée depuis un siècle
La reine Margarethe II du Danemark en visite aux jardins de Tivoli en mai 2022 (Elle a 83 ans et est sur le trône depuis 1972). C’est un parc d’attraction à Copenhague qui existe depuis 1843 (à l’époque en dehors de la ville fortifiée dans le glacis des fortifications) et représente d’une certaine le premier parc d’attraction au monde avec Arlequin et Colombine (allusion à la Comedia del Arte). C’est l’attraction touristique la plus célèbre du Danemark.

La troisième image liée au Danemark est celle du constructeur de jouets Lego (une entreprise de jeu de construction en briques plastiques qui existe depuis 1932 et emploie aujourd’hui 20 000 personnes à travers le monde).

Elle s’est installée à Billund dans le Jutland et progressivement la réussite extraordinaire de ce jeu entraîne d’abord la création d’un petit aéroport à proximité qui s’est aujourd’hui développé et est devenu le 2e aéroport du Danemark (un aéroport pour les vols low cost avec 3,7 millions de passagers avant le Covid très loin certes avant Copenhague qui est une grande plaque tournante avec environ 30 millions de passagers) mais aussi un aéroport de fret (avec notamment Maersk Air Cargo car les boites de Lego sont de bons produits à transporter par avion : léger et haute valeur ajoutée avec une saisonnalité importante (Noël).

Un parc d’attraction Legoland y a été établi en 1968 (il a désormais des répliques : 1 en Angleterre (Winsor), 3 aux Etats-Unis -Californie, Floride et New-York, 1 au Japon -Nagoya-, 1 en Allemagne, 1 à Dubai, 1 en Malaisie et 1 en construction en Belgique.

Legoland et son imaginaire à la fois scandinave et hollandais
Lego House à Billund

Ces images donnent un peu l’impression d’un pays qui échapperait aux difficultés qu’on peut rencontrer ailleurs, comme s’il pouvait vivre dans le monde de l’enfance. On oublie alors la misère et le surpeuplement du XIX e siècle, la dureté de l’occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale (pendant la Première il avait réussi à rester neutre en évitant de mécontenter les Allemands).

Le reste du Danemark : rien de notable, un pays mêlant charme historique , confort et modernité ?

La ville d’Aarhus dans la péninsule du Jutland au Danemark : une vue qui montre la platitude du pays, l’importance de la mer, la densité importante de la population et l’absence de verticalité : Aarhus est la 2e ville du pays avec environ 345 000 habitants… mais 1,4 million pour son aire urbaine.

3 réflexions sur “Le Danemark : une petite introduction

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