La Sorbonne à l’heure du classement de Shanghai : un peu de débroussaillage

La Sorbonne est le nom de l’Université la plus ancienne du royaume de France, fondée à Paris au milieu du XIII e siècle dans ce quartier au sud de la Seine qu’on appelle aujourd’hui le « Quartier Latin« . Elle tire son nom du clerc qui l’a fondée : Robert de Sorbon. Cependant les locaux qu’elle occupe aujourd’hui ne remontent pas au Moyen Âge mais sont beaucoup plus récents .

La célèbre coupole de la Sorbonne a été construite au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIII. C’est une chapelle, l’occasion de rappeler qu’initialement les universités européennes du Moyen Âge sont des institutions religieuses.

Un petit plan simplifié du cœur de Paris avec le Quartier Latin (Ve arrondissement) sur la rive gauche de la Seine et les différents bâtiments de la Sorbonne : le bâtiment historique entre la rue Saint-Jacques, la rue des Écoles, le boulevard Saint-Michel et la rue Cujas ; la Faculté de Médecine vers l’Odéon, la Faculté de Droit place du Panthéon, la Faculté des Sciences à Jussieu près du Muséum.

Mais les bâtiments d’enseignement du Quartier Latin sont beaucoup plus récents et présentent cette allure (ici la façade rue Victor Cousin) marquée « Sorbonne, Université de Paris ».

Ces bâtiments remontent à la fin du XIX e siècle (aux années 1880). Un architecte, élève de Charles Garnier (l’architecte qui a imaginé l’Opéra de Paris sous le Second Empire au moment où le baron Haussmann conduit des travaux considérable de rénovation de Paris), Henri-Paul Nenot, propose ce bâtiment d’un style assez classique (et non néo-gothique comme le sont à l’époque les collèges anglais) qui s’intègre bien dans l’architecture du Paris haussmannien avec ses immeubles de 6 étages.

Ce type d’architecture se retrouve dans tous les établissements d’enseignement parisiens construits ou reconstruits à cette époque (par exemple juste en face le lycée Louis le Grand, situé rue Saint-Jacques). Les locaux plus récents sont parfois construits en briques à l’instar de l’Institut de Géographie (situé un peu plus haut rue Saint Jacques et qui se présente ainsi :

L’Institut de Géographie à gauche (1926) (191 rue Saint Jacques) et l’Institut d’Océanographie (avec sa tour) (1911) sont également des bâtiments conçus par l’architecte Nénot – et s’intègrent par leur hauteur dans l’architecture haussmannienne de la rue Gay-Lussac (à droite).

Le plan du bâtiment principal de la Sorbonne dans le quartier latin représentatif de la manière dont sont conçues les études universitaires au début du XX e siècle en France

Le plan de la Sorbonne proposé par l’architecte Henri-Paul Nénot en 1900 traduit la conception d’organisation de l’Université à la fin du XIX e siècle avec une Faculté des Lettres et une Faculté des Sciences -tandis que la Faculté de Médecine (rue de l’école de Médecine) et celle de Droit (devant le Panthéon place Soufflot se trouvent dans des pâtés de maisons voisins et que la Faculté de théologie a disparu (ce plan à retrouver sous une version plus lisible sur Wikipédia ici).

La Sorbonne médiévale

La Sorbonne n’est pas la plus ancienne université d’Europe : celle de Bologne dans le Nord de l’Italie remonte à la fin du XI e siècle (1088). C’est également le cas des deux grandes villes universitaires anglaises que sont Oxford (1096 mais surtout après 1167 qui marque l’essor de cette université) et Cambridge (1209).

Aujourd’hui et après de très nombreuses péripéties le nom « Sorbonne » reste réputé dans le monde entier. La Sorbonne (adresse du site officiel) vient même de déployer un établissement aux Émirats Arabes Unis en 2009 : la Sorbonne Abu Dhabi. Sous le nom de Sorbonne université elle figure dans le classement de Shanghai au 39e rang en 2020.

La page d’accueil de Sorbonne Université montre qu’il s’agit d’une université à 3 composantes seulement : lettres, médecine, sciences et ingénierie.

Cette Université compte environ 55 000 étudiants, 6400 enseignants-chercheurs et chercheurs ce qui en fait la 2e plus grosse université française en terme d’effectifs, devant celle de Paris Saclay (voir l’article sur Paris Saclay (environ 48 000 étudiants mais qui, elle, compte davantage de chercheurs) mais derrière une autre université qui date de 2020 et s’appelle Université de Paris (qui compte 64 000 étudiants) et est tournée à la fois vers la santé, les sciences et les sciences humaines.

Comment comprendre alors ce qui est inscrit sur la façade imaginée par l’architecte Nenot rue Victor Cousin où l’on voit le drapeaux de la France et de l’Union Européenne et inscrit « Sorbonne et « Université de Paris » si désormais il s’agit de 2 entités différentes ?

Nous essaierons dans cet article de montrer comment l’évolution de la Sorbonne depuis le Moyen Age, illustre la manière dont la connaissance a pu être transmise à l’époque médiévale et comment l’évolution intellectuelle de l’Occident à partir de la Renaissance, puis les progrès des sciences et techniques et les transformations économiques et sociales qui en résultent révolutionnent progressivement la place des universités françaises, la manière dont elles s’organisent et se transforment.

La Sorbonne médiévale : une institution chrétienne tournée vers la théologie, les arts libéraux, la médecine et le droit

Les universités médiévales d’Occident sont d’abord et avant tout des lieux de transmission d’un savoir religieux (la théologie) dans cette langue de culture que constitue le latin. C’est en latin que la Bible a été traduite et la version qui s’est imposée depuis le IV e siècle (au moment où l’Empire romain adopte le christianisme comme religion officielle) est celle qu’on appelle la « Vulgate » : il s’agit de la traduction de l’Ancien Testament de l’hébreu en latin et celle du Nouveau Testament (4 Évangiles et Épitres de Paul) du grec en latin.

Or à l’époque médiévale les écrits sont rares et recopiés à la main sur des parchemins (avec progressivement des erreurs de copies).

Les 7 « arts libéraux » : « trivium » et « quadrivium »

Parallèlement à cet enseignement théologiques et souvent avant d’y accéder, les universités médiévales dispensent un enseignement tourné vers ce qu’on appelle les « arts libéraux » à savoir des savoirs non religieux qui sont organisés en un « trivium » puis un « quadrivium« .

Le « trivium » comprend la grammaire, la dialectique et la rhétorique. C’est ce qu’on apprend en premier car il faut d’abord maîtriser la langue avant de pouvoir s’en servir pour faire autre chose par exemple de la théologie ou les sciences du « quadrivium ». Et donc les « étudiants » arrivent vers l’âge de 14 ans et commencent par là.

Le « quadrivium » comprend l’arithmétique, la musique, la géométrie et l’astronomie. Par exemple l’enseignement de l’astronomie est essentiellement fondé sur l’œuvre de Claude Ptolémée, un astronome d’Alexandrie du II e siècle, auteur de l’Almageste (qui est la somme de connaissances en astronomie et en mathématiques la plus avancée jusqu’à la Renaissance)

Ces 7 disciplines sont l’embryon de ce qui va plus tard devenir une Faculté des Lettres (trivium) et une Faculté des Sciences (quadrivium).

L’enseignement de la médecine : l’importance de Claude Galien

A l’Université de Paris on enseigne également la médecine. Les autres Facultés de médecine réputées en France sont créées un peu plus tardivement (Montpellier au XIII e siècle (1289), Poitiers au XV e siècle (1431). L’enseignement de la médecine de cette époque reste imprégné des conceptions de l’Antiquité et notamment de celles de Galien qui lui même s’est inspiré des conceptions d’Hippocrate (- 460 – 370, ce médecin grec de l’époque de Périclès, le Ve s avant JC dont on connaît encore le fameux « serment » que continuent à prêter les médecins français du XXI e siècle après avoir soutenu leur thèse; Voici le lien vers le texte qui figure sur le site de l’Ordre des médecins

Claude Galien (129-201) est un médecin du IIe s ap JC de culture grecque, originaire de la ville de Pergame (en Turquie actuelle), une des villes qui, avec Alexandrie, est un phare de la culture grecque à l’époque hellénistique. C’est également le médecin de l’empereur-philosophe Marc-Aurèle (121-161-180), il a donc vécu à Rome et ses écrits ont été traduits en latin et transmis tout le long du Moyen Âge à la fois par les médecins arabes, juifs et grecs de l’Empire byzantin.

L’enseignement du droit

Cet enseignement comporte l’étude à la fois du droit civil (qui est héritier du droit romain écrit) et du droit canon (c’est-à-dire le droit de l’Église). On pourra trouver davantage de détails sur cette vie universitaire médiévale dans cet article de Via moderna Les sciences médiévales de Yannick Laverdière, historien québecois de l’Université Sherbrooke au Québec.

Ce qui nous intéresse ici c’est de comprendre comment et pourquoi certains éléments de ce système médiéval se sont transmis jusqu’à aujourd’hui avec notamment le système des grades universitaires : le premier étant celui de Bachelier, le second de Licencié et le troisième de Docteur car aujourd’hui ce sont les 3 principaux grades des systèmes universitaires.

J’ai oublié de mentionner ici cette évidence : les femmes n’ont absolument aucune place dans une telle institution ! La femme dans l’Occident chrétien médiéval est principalement une épouse, une mère et, parfois, une religieuse mais elle ne fréquente pas l’université et n’a que peu accès à l’alphabétisation sauf dans certains milieux aisés.

La création du Collège de France comme réaction à la sclérose de la Sorbonne à la Renaissance ?

En 1530, sous le règne de François Ier est créé à Paris, face à la Sorbonne, une nouvelle institution que nous appelons aujourd’hui le Collège de France (autrefois le Collège Royal). Elle est notamment créée à l’initiative d’un grand traducteur de cette époque Guillaume Budé qui propose que des humanistes, payés par le roi, qu’on va appeler « lecteurs royaux », enseignent de nouvelles disciplines qui ne le sont pas à la Sorbonne. C’est le cas par exemple du grec, de l’hébreu, de langues orientales… qui ne rentrent pas dans les cursus du trivium et du quadrivium.

La devise de ce Collège de France est « omna docet » (il enseigne tout) et sa vocation jusqu’à aujourd’hui au XXI e siècle est de créer des chaires pour des professeurs qui développent de nouveaux savoirs, pas forcément encore acceptés à l’université qui, elle, vit sur ses traditions et a souvent du mal à évoluer. (voir le site officiel du Collège de France qui est aujourd’hui une des composantes de l’Université Paris Sciences Lettres (PSL).

On peut donner comme exemple la création pour l’historien Fernand Braudel (1902-1985) de la chaire d’Histoire de la civilisation moderne qu’il occupe de 1950 à 1972 (voir l’article Un historien, une rencontre… Fernand Braudel (1902-1985)).

Effectivement cet historien français développe une nouvelle manière de faire de la recherche en histoire, de ce fait, il ne va pas être élu professeur dans une université en France. Un de ses « disciples » (j’entends par là ces historiens plus jeunes que Braudel mais qui font aussi de l’histoire économique et sociale et non une histoire événementielle), Emmanuel Le Roy-Ladurie (né en 1929) spécialiste de l’histoire du climat (une branche absolument nouvelle de l’histoire) lui succède sur cette chaire de 1973 à 1999).

Un peu plus tard certains de ses « disciples » peuvent enfin enseigner à l’université . C’est le cas de Pierre Goubert (1915-2012), spécialiste de démographie historique à l’époque moderne nommé à la Sorbonne en 1969. C’est le cas aussi de Pierre Chaunu (1923-2009), spécialiste de la Réforme et de l’Amérique espagnole qui est professeur à la Sorbonne dans les années 1980.

Cet exemple montre qu’en France, depuis la Renaissance, les universités ne sont généralement pas à l’initiative des changements mais que, bousculées par l’évolution du contexte économique et social, elles finissent par se transformer et offrir des cursus de très grande qualité notamment pour les niveaux à partir du Master.

C’est quelque chose que beaucoup de nos bons élèves de Terminale et leurs parents ignorent, aveuglés par la communication tapageuse de grandes écoles privées qui imitent le modèle anglo-saxon et ont beaucoup d’argent pour asseoir leur communication !

La mutation de la Sorbonne au XIX e siècle

Cette digression à propos du Collège de France, montre toutefois que la Sorbonne a pu être capable d’évoluer, de se réformer, ce qu’elle a fait au XIX siècle en développant de nouvelles spécialités universitaires puis en acceptant la présence de femmes à l’université.

Tout d’abord la Révolution de 1789 met fin au système des universités en France telles qu’elles ont pu exister au Moyen âge et aux Temps Modernes. C’est Napoléon Ier qui, en 1806, institue l’Université impériale, un système rationnel centralisé qui organise tout l’enseignement public en France en définissant 6 types d’école notamment les facultés (lettres, sciences, droit, médecine et théologie qui délivrent baccalauréat, licence et doctorat), les lycées et les collèges.

La Sorbonne du XIX e siècle va progressivement voir sa faculté de théologie disparaître, celles de Lettres et Sciences s’installent dans le pâté de maison sur le plan imaginé par Nénot. Les Faculté de Médecine (rue de l’école de médecine) et celle de Droit (place du Panthéon récupèrent leur emplacement d’avant la Révolution).

Cela n’a beaucoup changé sur ce plan jusqu’à aujourd’hui sauf que la Faculté de Sciences a, après la Seconde Guerre mondiale, commencé à déserter le bâtiment historique : il n’y avait plus assez de place notamment pour les laboratoires qui prennent de plus en plus de place et pour les étudiants devenus de plus en plus nombreux. Elle s’est installée partiellement à Orsay dès 1965 puis à Jussieu (sur le site de l’ancienne Halle aux Vins près de la Seine) en 1968.

Le même phénomène de manque de place se produit aussi pour la Faculté de Lettres qui doit créer de nouveaux locaux après 1945 dans d’autres quartiers que le Quartier Latin à cause cette fois de l’augmentation des effectifs (et non du manque de place pour avoir des laboratoires)

La timide arrivée des femmes à la Sorbonne et la place de Marie Curie

La première femme bachelière en France obtient ce grade en 1861. Mais c’est seulement en 1868 qu’on permet à la Sorbonne à une femme d’entrer en Faculté de médecine. En fait c’est seulement à partir de 1880 que les femmes sont autorisées à fréquenter l’université où elles sont très peu nombreuses et plutôt mal vues. La France du XIX e siècle vit sur un modèle de société patriarcale où la femme est destinée à être une épouse et une mère et non à travailler à égalité avec les hommes dans des milieux intellectuels.

Et la première femme qui est autorisée à enseigner à la Sorbonne est Marie Curie. Nous sommes en 1906, à la Faculté des Sciences dans le Quartier Latin : l’amphi où elle a donné ce premier cours porte une plaque commémorative.

Il est intéressant de noter qu’on l’a autorisée à assurer ce cours en raison des circonstances exceptionnelles. Effectivement Marie et son mari Pierre Curie ont obtenu en même temps que le physicien Henri Becquerel le prix Nobel de physique en 1903 pour leurs travaux sur la radioactivité. Mais c’est Pierre Curie qui a obtenu le poste de professeur de physique à la Sorbonne. Suite à son décès accidentel en 1906 (victime d’un accident de la circulation), sa veuve Marie Curie est autorisée à reprendre son cours, et n’est titularisée à ce poste qu’en 1908.

Marie Curie obtient un 2e prix Nobel (cette fois de chimie en 1911) et les retentissements de ces recherches expliquent le développement de nouveaux locaux pour la Faculté des Sciences (rue Cuvier) puis plus tard encore quand on va mettre en évidence le rôle du radium dans le traitement du cancer la construction de l’Institut Curie (1909) et d’un hôpital attenant.

Mai 1968 et l’éclatement de la Sorbonne

L’agitation étudiante qui démarre en mars 1968 à Nanterre à l’Ouest de Paris (dans ce nouveau campus en béton qui a été conçu en 1964 comme une annexe de la Faculté des Lettres de la Sorbonne) et se poursuit dans le Quartier Latin par un mois d’occupation et de manifestations, va avoir pour conséquence de transformer la Sorbonne et tout le système universitaire français.

On reproche à l’institution d’être sclérosée, de ne pas s’être adaptée à la fois à l’augmentation des effectifs, à l’évolution sociale en conservant une structure à la fois très autoritaire, très paternaliste et périmée. Voilà pourquoi le nouveau Ministre de l’Éducation Nationale propose une loi de restructuration des universités (la loi Faure) qui va jouer jusqu’à ces toutes dernières années un rôle majeur dans l’organisation d’un nouveau système universitaire en France qui grosso mode a duré jusqu’en 2006.

Voilà ce qu’en dit le préambule qui explique la mission des universités françaises

« Les [universités] ont pour mission fondamentale l’élaboration et la transmission de la connaissance, le développement de la recherche et la formation des hommes.

Les universités doivent s’attacher à porter au plus haut niveau et au meilleur rythme de progrès les formes supérieures de la culture et de la recherche et à en procurer l’accès à tous ceux qui en ont la vocation et la capacité.

Elles doivent répondre aux besoins de la nation en lui fournissant des cadres dans tous les domaines et en participant au développement social et économique de chaque région. Dans cette tâche, elles doivent se conformer à l’évolution démocratique exigée par la révolution industrielle et technique. »

Quelles innovations et quelles conséquences de cette loi Faure de 1968 sur l’Université française (par rapport aux pays voisins) ?

  • Suppression des termes « Facultés » qui sont remplacés par le sigle incompréhensible à l’étranger (et même en France) d’UFR « Unité de Formation et de Recherche »
  • La création de statuts d’enseignant-chercheurs (Professeurs d’Université et Maître de Conférence) pour valoriser la recherche.
  • Participation des étudiants et du personnel au Conseil de l’Université (qui n’est plus seulement composé de professeurs)
  • Développement de nouvelles universités en province. C’est à partir de là qu’on va avoir un vrai maillage universitaire avec la création d’universités dans des villes sans tradition universitaire (ex Pau ou La Rochelle (1993) ainsi qu’en outre-mer (ex. Polynésie française et Nouvelle-Calédonie)
  • création de nouveaux types de formations par les universités (comme les IUT) qui proposent des cursus professionnalisés courts
  • L’accès de l’université à tous les Bacheliers sans sélection (sauf pour les IUT) avec une exception : l’existence d’un « numerus clausus » en Faculté de Médecine fixé par le Ministre pour chaque université à l’issue de la première année (de 1971 à 2020) ce pour des raisons pratiques. Ces futurs médecins doivent en effet suivre des stages à l’hôpital pendant leur formation et il faut donc suffisamment de formateurs et d’hôpitaux donc le nombre d’étudiants en 2e année de médecine est limité à environ 9000 par an (au maximum pendant cette période)

Il en résulte qu’à partir des années 1970 les universités publiques françaises ont accueilli sans sélection des effectifs de plus en plus nombreux sans beaucoup de moyens financiers.

La « grosse » Sorbonne d’avant 1968 a éclaté en 1971 en 13 universités concurrentes et au profil assez différent les uns des autres :

Mais ce qui est compliqué c’est que les universitaires ont parfois cherché à rester dans les bâtiments anciens et prestigieux du Quartier Latin qui appartenaient à la Sorbonne d’avant 1968. Un exemple l’Institut de Géographie du 191 de la rue Saint Jacques appartient à l’université Paris I mais on peut y suivre des cours de géographie de Paris IV au 3e étage, de Paris I au 4e mais aussi de Paris VII et les amphis en bois du rez-de chaussée sont aussi partagés…

La restructuration récente du système pour constituer de grosses universités ayant un plus grand rayonnement international.

Depuis 2006 la France a tâtonné en essayant de regrouper ses universités en PRES (Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur) mais le sigle était incompréhensible puis elle a inventé les ComUE (Communautés d »Universités et d’Établissements en 2013 qui regroupent à la fois des Universités et d’autres types d’établissements (autre sigle incompréhensible à l’étranger).

Au final entre 2010 et 2020, les 13 Universités parisiennes se sont regroupées d’une manière complexe :

Un petit tableau récapitulatif de l’évolution institutionnelle

Bref cette évolution organisationnelle à la fois très ancienne et très récente de la Sorbonne et de tout notre système universitaire français semble si complexe qu’un futur étudiant (français ou étranger) qui choisira d’aller étudier région parisienne a du mal à comprendre réellement à quel endroit précis il suivra sa formation !

Ce ne sera peut-être pas à Paris mais en banlieue ; cela sera rarement dans le Quartier Latin qui est le quartier historique où s’est implantée la Sorbonne au Moyen Âge, celui sur lequel fantasment les provinciaux et étrangers et où l’on trouve ces boiseries XIX e qui sentent l’encaustique, ces troquets sympas et le parc du Luxembourg pour se mettre au soleil mais dont les locaux ne sont ni très pratiques, ni bien entretenus.

Nos Universités françaises surtout à Paris ont ce problème : pas assez d’argent

  • pour payer les professeurs à la hauteur de leurs compétences ni leur fournir une aide logistique en matériel et en personnel ;
  • pour entretenir et moderniser les locaux ;
  • ni de personnel pour encadrer des étudiants non sélectionnés, acceptés sans réels pré-requis et sans dispositifs sérieux qui permettraient de les aider à démarrer un cursus universitaire.
  • pour proposer de vraies bourses aux étudiants modestes les plus brillants en leur simplifiant la vie matérielle.

A l’inverse les autres universités dans le monde entier sélectionnent leurs étudiants à l’entrée sur des critères académiques d’autant plus sévères que leur notoriété est grande (leurs notes et les appréciations de leurs professeurs de lycée) et en leur demandant des frais de scolarité élevés.

Comprendre un tel système et surtout son histoire complexe me semble essentiel quand on est élève en Terminale en Bac général pour comprendre les innombrables formations proposées sur la base Parcoursup.

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