L’Europe orientale : quelques repérages simples pour pouvoir faire un peu de géopolitique ?

Par « Europe Orientale » nous désignerons ici ces pays, aux confins de l’U.E et de l’ex-URSS que sont Bélarus, Ukraine, Moldavie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan.

cartographie CLG 2024

Il s’agit en fait de 9 des 15 Républiques qui constituaient l’URSS, parmi lesquelles 3 sont aujourd’hui et depuis 2004 membres de l’Union Européenne et de l’OTAN : les 3 Pays Baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), 3 sont candidats à l’U.E. et le processus est accepté depuis la guerre en Ukraine de 2022 : Moldavie, Ukraine et Géorgie.

Voilà une carte simple pour visualiser leur localisation (on trouvera un diaporama projetable et transformable à la fin de cet article). Les noms des États membres de l’U.E qui sont frontaliers avec cet ensemble sont en rouge.

J’ai rajouté des repères importants : l’Oural (qui est arbitrairement perçu comme la limite orientale de l’Europe, le Caucase dont le piémont nord se trouve en Russie et le reste partagé entre 3 États issus de l’éclatement de l’URSS -Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan-)

J’ai également localisé les 2 particularités : l‘enclave russe de Kaliningrad et la péninsule de Crimée (annexée par la Russie en 2014).

Le deuxième élément important est ce tableau récapitulatif dans lequel je n’ai pas classé ces 9 États par ordre alphabétique mais par catégorie et par poids démographique décroissant ce qui le rend plus facile à lire, en rajoutant une ligne pour la Russie (pour comparer).

Tableau CLG 2024

Ces 9 États dont dans l’ensemble de petite taille et peu peuplés à une exception majeure : l’Ukraine, plus vaste que la France et dont la population est en chute libre depuis l’éclatement de l’URSS.

On voit aussi des écarts considérables de richesse entre les Pays Baltes qui ont intégré l’U.E. et s’en sortent plutôt bien (surtout Estonie et Lituanie qui sont au-dessus de 40 000 $) et les autres qui ont un revenu national brut/habitant qui tourne autour de 15 000 $. La Russie est mieux lotie avec 32 000 $ mais c’est lié à la fois au dynamisme de ses 2 métropoles (Moscou et Saint-Pétersbourg) et à l’importance de l’exploitation minière et énergétique (pétrole, gaz, diamant, or, nickel… )

Dans l’ensemble leur démographie est en berne (sauf la Géorgie) et l’évolution démographique prévisible est une diminution importante de la population, un vieillissement et la poursuite prévisible de l’émigration vers des régions d’Europe ou du monde plus dynamiques.

La situation géopolitique de l’Europe Orientale : une prolifération de conflits territoriaux

Ces conflits se trouvent dans les périphéries de l’ancienne URSS sauf le conflit tchétchène (qui se passait en Russie). Ils impliquent tous la Russie.  Tous sont plus ou moins violents, gelés, intermittents. Certains correspondent à de vieilles rancunes territoriales, d’autres ont une origine plus récente.

Certains conflits ont été « refroidis » pendant la période soviétique puis l’affaiblissement de la Russie, puissance coloniale de cette partie du monde, a permis leur réactivation et parfois leur règlement.

Plus à l’Est, les frontières de l’Asie Centrale ont été imposées par Staline : ce sont des frontières intriquées entre Ouzbékistan, Tadjikistan et Kirghizistan qui empêchent largement un détricotage pacifique si jamais les choses tournent mal entre les multiples peuples qui vivent dans ces régions souvent montagneuses.

Nous ferons un petit tour d’horizon de ces conflits et de leurs racines en renvoyant notamment à d’autres articles de ce blog et en proposant des cartes à la fois simples mais à une échelle plus grande comme celle-ci qui permet de visualiser les États qui sont dans le voisinage de ces zones de conflits.

Nous évoquerons ici les points suivants (en ne conservant ici que des cartes et des renvois vers d’autres articles) :

  • Les pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) et l’enclave de Kaliningrad
  • Le cas de l’Ukraine et de la Crimée (sur lequel j’avais déjà pas mal travaillé avant le début de la guerre de février 2022 et après)
  • Celui du Caucase avec les questions de la Tchétchénie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, le Haut-Karabakh
  • Celui de la Moldavie et de la Transnistrie

Les Pays Baltes et l’enclave de Kaliningrad

voir Les pays baltes : une petite introduction

L’Ukraine et Crimée

voir L’Ukraine, une petite présentation

puis L’évolution politique de l’Ukraine depuis l’Indépendance de 1991 : un petit décryptage

Pour zoomer sur un lieu particulier la Crimée à laquelle je m’étais intéressée par hasard en 2018 après la lecture d’un témoignage original (et surtout très rare) publié en espéranto en 1990 (voir l’article La traversée de l’URSS à vélo sur les rails du Transsibérien !). Le cycliste en question (Lucien Peraire est un ouvrier français de 22 ans né en 1906). Il part avec un son compagnon allemand en 1928 et ne rentre qu’en 1932 : il découvre les changements de frontières à l’Est de l’Europe, l’absence de routes pour faire du vélo, l’état de l’URSS au début après la guerre civile et au début de la collectivisation (voir La Crimée est-elle russe ?)

Mais aussi sur un thème particulier et très stratégique : l’énergie en Ukraine

voir La question énergétique en Ukraine : quelques jalons pour réfléchir à des questions environnementales plus globales

Il est également important de connaître la situation du Belarus (voir Le Belarus, un État au ban de l’Europe?

La Moldavie et la Transnistrie

La Moldavie est un petit État enclavé (sans accès maritime) coincé entre Roumanie et Ukraine. Elle ne contrôle plus la petite partie située à l’Est du Dniestr (appelée Transnistrie) qui représente environ 4 000 km² (soit 12 % du territoire) réclame le maintien des liens avec la Russie. C’est une république russophone sécessionniste autoproclamée en 1990 (et est appuyée par la Russie).

voir l’article La Moldavie et la Transnistrie : repérages

Les questions du Haut Karabagh, de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie et de la Tchétchénie dans le Caucase

Elle concerne les 3 États du Caucase : Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie et la Russie qui contrôle son piémont nord et le littoral de la mer Noire à l’Ouest.

Le Caucase est une région de montagne au relief assez complexe qui, historiquement a servi de montagne-refuge pour de nombreuses minorités ethniques.

Si j’ai utilisé ce fond de carte sans frontières, c’est justement parce les frontières y ont fluctué depuis la plus haute Antiquité et sont aujourd’hui encore souvent contestées

Pour comprendre leur découpage il faut préciser que cette vaste région se présente schématiquement comme un alignement en plusieurs bandes orientées grosso-modo Ouest-Est s’étendant entre la mer Noire à l’Ouest et la mer Caspienne à l’Est

  • au Nord le Grand Caucase qui est la partie la plus élevée. On y trouve le mont Elbourz qui culmine à 5642 m. C’est donc une chaîne plus élevée que les Alpes, d’un âge géologique comparable (Cénozoïque) (c’est une région sismique de contact de plaques) avec quelques glaciers.
  • au centre une dépression surtout importante à l’Est où coule un fleuve de 1500 km de long qui se jette dans la Caspienne (la Koura -dont le principal affluent, de rive droite, est l’Araxe (1070 km) (tous ceux prennent leur source dans les plateaux du Nord-est de la Turquie)
  • au Sud le Petit Caucase qui une chaîne moins longue (600 km) et moins élevée (autour de 4000 m)
  • au Sud le Haut Plateau arménien s’étend sur 400 000 km² (largement côté turc et iranien). Il est dominé par des volcans éteints notamment le Mont Ararat (5137 m se trouve en Turquie -c’est, dans la tradition biblique, le sommet où se serait échoué l’arche de Noé après le Déluge) On y trouve des lacs importants comme le lac Sevan en Arménie (il fait 1200 km² -c’est 2 fois et demie la superficie du lac Léman et qui est un lac d’eau douce). Mais les lacs les plus vastes de cette région à tendance aride sont le lac d’Ourmia (en Iran) et le lac de Van (en Turquie) (ils ne sont pas intéressants pour l’irrigation car ils sont salés).

Si on ne prend pas conscience des distances, des points stratégiques, des altitudes, des possibilités d’irriguer (ou pas), on ne peut pas comprendre les rivalités historiques dans cette région.

Si on ne saisit les distances (importantes) et qu’on ignore l’existence de ce bassin hydrographique de la Koura et de l’Araxe (qui sont pourtant plus longs que le Rhin ou la Loire) dans une région montagneuse à tendance désertique où l’on ne peut franchir la montagne qu’en certains points particuliers (où passent la route, le chemin de fer au XIX e siècle et aujourd’hui les grands axes routiers), on a du mal à comprendre à quel point la capitale de la Géorgie Tbilissi (autrefois appelée Tiflis qui se trouve sur la Koura en contrôle tout le commerce à la fois Nord-Sud et Est-Ouest.). C’est aussi le cas d’Erevan dans une haute plaine irriguée.

Attention ! la fragmentation à la fois ethnique et linguistique ainsi que la profondeur historique du peuplement font que les toponymes changent sans cesse : contentons-nous des noms, les plus courants en français et n’essayons même pas en rêve d’apprendre les noms en turc, iranien, azéri, arménien, géorgien… sinon on ne pas se rendre compte qu’on parle d’un même lieu (ville, fleuve…) !

Pour nous faciliter les choses, la plupart des noms arméniens se terminent en « -an » et notamment en « -van ». Ce qui permet de se souvenir que la région turque du lac de Van est historiquement arménienne même s’il n’y a a plus d’Arméniens depuis le génocide de 1915 (toujours par reconnu par la Turquie actuelle). Aujourd’hui l’Arménie est, sur la carte, la petite république indépendante de 1991 (antérieurement soviétique) dont la capitale est Erevan et, d’une manière différente, ce sont les Arméniens de la diaspora nombreux, notamment en France et aux Etats-Unis depuis la fin de la Première Guerre mondiale, qui font vivre cette culture arménienne autrement. Il n’y a quasiment plus d’Arméniens au Haut Karabagh : ils en ont été définitivement chassés par les Azerbaïdjanais en 2024 à la suite d’un conflit qui durait depuis 1988.

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