La démographie de l’Europe et de l’Union Européenne : quelques jalons

Voici surtout une suite de documents (fabriqués avec Khartis -le petit logiciel gratuit de Sciences Po-, Excel et Word à partir des données de l’INED Population et Sociétés Tous les pays du monde 2022. J’avais besoin de documents utilisables en classe et plus à mon goût que ceux qu’on peut trouver sur Eurostat. (voir aussi Quels sites consulter pour découvrir l’Union Européenne ?

Ces cartes sont muettes et on part donc de l’hypothèse qu’on connaît déjà la carte par coeur (si ce n’est pas le cas voir Apprendre par cœur les 27 États-membres de l’Union Européenne ! (avec un petit diaporama animé à la fin).

Cette première carte (le figuré est un carré ce qui est visuellement plus facile à comparer qu’un disque) montre bien l’émiettement politique de l’Europe et le poids démographique très différent des États et notamment de ceux qui composent l’U.E. La taille de ces carrés pour les 27 membres est à peu près proportionnelle au nombre de députés au Parlement européen : ainsi sur 705 députés l’Allemagne en 96, la France 79 et les 3 plus petits sont surreprésentés avec 6 députés chacun (Luxembourg, Malte, Chypre, l’Estonie). On peut trouver des précisions sur le site du Parlement européen :

On peut retrouver cette information sur le site du Parlement européen ici

Une fécondité en dessous du seuil de renouvellement des générations (sauf l’Albanie)

De grandes disparités économiques

Le tableau de données de base

Ce tableau présente uniquement quelques indicateurs concernant toute l’Europe au sens scolaire (Russie comprise alors même qu’elle est un État eurasiatique -mais pas les 3 pays du Caucase) :

  • la superficie en km² (alignement à droite ce qui permet immédiatement d’identifier les plus vastes)
  • la population mi 2022 (en millions)
  • la projection de la population en 2050
  • l’indice synthétique de fécondité. La fourchette va de 1,2 à 2,5 (Albanie)
  • le revenu national brut en parité de pouvoir d’achat par habitant en $ (on remarque qu’il n’y a pas de valeur fournie pour le Luxembourg parce qu’il y a tant de travailleurs transfrontaliers – 100 000 sur 600 000 résidents que diviser la richesse produite au Luxembourg par les seuls résidents n’a pas beaucoup de sens et donne une valeur de l’ordre 140 000 $)

La deuxième remarque est que j’ai classé ces pays non par région comme fait l’INED, ni en mettant les 27 membres de l’U.E. par ordre alphabétique, mais à la fois par ordre d’entrée dans l’U.E. et par poids démographique décroissant et catégorie (pour les membres entrés en 2004, ceux qui n’en font pas partie). J’ai omis le Liechtenstein, Monaco et Andorre.

Il est ainsi beaucoup plus facile d’analyser ces données et d’essayer de les interpréter.

A priori la population devrait y diminuer partout en 2050 puisque le seul pays qui se trouve au dessus du seuil de renouvellement des générations est l’Albanie. Et pourtant ce n’est pas le cas puisque l’on a tenu compte dans les projections de la poursuite des vraisemblables courants migratoires. D’où cette carte :

Attention à cette carte : à interpréter avec circonspection !

Cartographie CLG 2023

Premièrement j’ai simplement calculé un taux de variation entre 2022-2050 or la population pour 2050 n’est qu’une projection (qui sera forcément revue) donc les valeurs précises (en %) ne doivent pas être retenues mais plutôt les tendances (croissance forte ou faible, liée à une forte attractivité -et/ou dynamisme démographique ; décroissance faible ou forte liée à une faible fécondité et/ou envie de partir dans un endroit plus dynamique.

Deuxièmement Khartis ne me propose pas d’autre choix de couleurs pertinent : j’ai donc pris sa gamme de couleurs qui suggère le robinet d’eau froide (décroissance) et d’eau chaude (croissance) et montre a priori l’attractivité très importante des pays les plus riches (notamment Scandinavie, pays alpins) et de leur voisinage.

Conclusion ?

Ainsi ces cartes nous permettent de visualiser de manière simple de grandes disparités qui existent au sein de l’Europe et en particulier chez les 27 Etats-membres de l’Union Européenne en terme de taille, de population, de richesse par habitant, de fécondité et d’évolution potentielle… mais elle ne nous donnent pas les clés pour comprendre ces différences.

Pour cela il faut faire de l’histoire et comprendre comment s’est mise en place la carte actuelle (voir La carte de l’Europe en 1914 à la veille de Première Guerre mondiale : un petit briefing mais aussi Les démocraties populaires de 1945 à 1989 et leur devenir dans l’U.E. après 2004).

Mais l’on peut aussi essayer de réfléchir sur les valeurs de l’Europe et leurs systèmes familiaux (voir Emmanuel Todd et les structures familiales) car cela permet peut-être de mieux comprendre un élément abordé dans Individualisme et systèmes démocratiques en Europe aujourd’hui

Lien vers un article un peu ancien qui explique l’utilisation de Khartis : 9 mai 2018 : cartographier l’Europe avec Khartis ! et L’Europe : un nouvel essai de cartographie avec Khartis pour les élèves de spécialité HGGSP