L’Asie du Sud-Est : un peu de repérage

Par Asie du Sud-Est nous désignons cet enchevêtrement de péninsules et d’îles qui n’est pas étudié précisément dans les programmes de de Géographie au lycée : pour simplifier si on enlève dans cette région du monde la Chine au Nord, l’Australie au Sud, l’Inde et le Bangladesh à l’Ouest et les archipels de Mélanésie à l’Est (à commencer par la Papouasie-Nouvelle-Guinée), il reste en creux l’Asie du Sud-Est à savoir un ensemble de 11 États de taille et poids démographique très différents regroupant 680 millions de personnes : l’immense archipel indonésien (275 millions d’habitants, 1,9 million de km²), 7 États de taille moyenne (Philippines, Vietnam, Thaïlande, Birmanie, Malaisie, Cambodge, Laos), et 3 micro-États (Singapour, Brunei et Timor-oriental).

Cet article sera simplement une petite cartographie générale assortie d’un tableau et renverra à d’autres articles plus précis et des références universitaires.

Cartographie CLG 2023 (avec Khartis)
Cartographie CLG 2023
Cartographie CLG Source des données (% urbanisation (Y Boquet p 74)

Un petit tableau pour se fixer quelques idées et commencer à réfléchir ?

Attention ce petit tableau est très imparfait mais néanmoins nécessaire pour commencer à se fixer quelque idées qui permettent de comprendre la complexité de cette région pour un Occidental :

  • elle est éloignée de l’Europe et il la connaît mal donc il ne se rend pas compte des tailles et des distances (immenses en Indonésie) car, sur les cartes qu’il regarde, cet espace est rarement agrandi
  • elle a été colonisée en plusieurs phases : d’abord les Portugais (archipels qui correspondent à l’Indonésie actuelle) et Espagnols (Philippines au XVIe siècle, puis par les Provinces Unies au XVIIe siècle (Indes Néerlandaises), puis par les Français (Indochine française soit Vietnam, Laos, Cambodge) et Britannique au XIX e siècle (Malaisie dont la ville de Singapour fondée en 1819, Birmanie) sauf le Siam (actuelle Thaïlande). Enfin les Etats-Unis après avoir chassé les Espagnols en 1898 des Philippines s’y sont installés jusqu’en 1946
  • Le fonds culturel de l’Asie du Sud-Est oppose des populations dominantes de riziculteurs pratiquant l’irrigation dans les plaines et soumis à des pouvoirs forts à des minorités longtemps méprisées des montagnes dans les forêts humides tropicales de chasseurs-cueilleurs et d’agriculteurs sur brûlis.
  • cette opposition entre types de population est également marquée sur le plan linguistique entre une langue dominante (comme le vietnamien, le thaï, le malais…) et les multiples langues des minorités.
  • d’importantes minorités chinoises s’y sont implantées précocement dans les ports, villes, originaires des provinces du Sud de la Chine.
  • l’influence des marchands arabes a amené précocement la diffusion de l’islam mais seulement sur la péninsule malaise, auprès des populations littorales et des riziculteurs javanais, remplaçant l’influence antérieure hindouiste (qui a survécu à Bali) et bouddhiste (restée dominante en Birmanie, Thaïlande, Cambodge, Laos et teintée de confucianisme au Vietnam. Ensuite les Européens ont amené le christianisme qui n’a pris qu’aux Philippines et auprès de minorités (Vietnam, Timor).

Il faut donc retenir l’idée que cette Asie du Sud-Est est un carrefour d’influences diverses dans lequel la langue anglaise est aujourd’hui le vecteur des échanges commerciaux. La ville-État de Singapour est au centre de ce carrefour.

Par ailleurs le découpage politique issu du partage colonial puis des processus a généré un ensemble très disparate juxtaposant un État immense, composite qui tente de trouver une langue commune, un projet de développement acceptable alors même qu’il poursuit la domination et la colonisation des espaces périphériques par le pouvoir central de Jakarta ;un ensemble d’États de taille moyenne avec une forte identité qui différencie fortement chacun de son voisin (soit par son histoire coloniale et postcoloniale, soit par sa langue locale, soit par sa religion -voire les 3 à la fois ). Enfin on a 3 micro-Etats, 2 immensément riches (Singapour qui a connu après 1965 et son éviction de la Malaisie un développement économique extraordinaire, un autre, le Brunéi tardivement indépendant (1984) sultanat musulman pétrolier très riche et peu peuplé et 1 qui est une moitié d’île pauvre catholique et anciennement portugaise (Timor-Oriental) qui a obtenu l’indépendance en 2002 dans des conditions compliquées.

La difficulté d’accès à la connaissance de cette région pour un francophone c’est qu’elle nécessite, à un certain moment, de ne pas se contenter de l’anglais et d’apprendre une langue nationale (ou régionale) si l’on veut aller sur le terrain et sortir des itinéraires touristiques. Mais à vrai dire vu l’émergence de cette région du monde, il est sans doute plus efficace d’y aller avec comme guide un étudiant ou universitaire local car l’apprentissage de ces langues est complexe, l’indonésien semblant la plus simple (voir L’indonésien, une « lingua franca » d’aujourd’hui ?)

Où trouver des ouvrages récents en français sur cette région du monde ?

En géographie l’ouvrage de référence sur cette région est un manuel universitaire d’ Yves Boquet (né en 1956, professeur de géographie à l’Université de Bourgogne (Dijon), publié aux Éditions Universitaires de Dijon L’Asie du Sud-Est Entre unité et diversité, Collection U2, 2019. (On y a une présentation générale bien à jour, des cartes en couleurs, des photos, des tableaux et une très importante bibliographie).

C’est exactement le type de géographie de démarrage qu’un étudiant débutant est capable d’aborder (avant de pouvoir s’atteler à lire autre chose de thématique, plus pointu et problématisé) or il n’y a pratiquement plus aucun auteur ni éditeur sur ce créneau des manuels universitaires de base en géographie qui n’est pas assez rentable ! (vendu 15 Euros).

Car chez Nathan, l’ouvrage récent est Géopolitique de l’Asie, collection « Nouveaux continents » où la partie consacrée à l’Asie du Sud-Est est beaucoup plus restreinte (puisqu’on y parle beaucoup de Chine et d’Inde !) : il n’y a pas de couleurs, ni photos… Ce créneau de la géopolitique est le seul qui permet d’espérer vendre des manuels universitaires puisqu’on les vend à des étudiants en CPGE économique !

Enfin quand on est déjà bien débrouillé on a un excellent articles sur Géoconfluences de 2020 (puisque cette question a été proposée aux concours) de Manuelle Franck professeur à l’INALCO

Que peut-on trouver sur ce blog sur cette région (articles de repérages avec des photos, des tableaux de petites cartes ?

Deux articles de démarrage

Sur des questions d’urbanisation

Sur les traditions et la mondialisation

Un diaporama pour projeter et transformer des cartes

Un fichier Excel pour fabriquer des tableaux et faire de la cartographie avec Khartis :

NB Le logiciel gratuit et utilisable en ligne Khartis proposé par Sciences Po Paris n’est pas terrible mais il permet de découvrir le fonctionnement d’un SIG (système d’information géographique) pour faire de petites cartes thématiques. Il suffit pour cela de choisir un des fonds de cartes qu’il propose (ils ne sont pas à jour) et de coller un bout de fichier Excel avec les données qu’on veut cartographier un truc assez basique (population, IDH, RNB ppa/hab) ou simplement avoir un fond de carte qui fait ressortir certains États, certaines régions…